Ovide
Les métamorphoses d’Ovide, Livre I (Fable 4)
(v.151) Et pour que l'éther, pourtant presque inaccessible, n'offrît pas plus de sécurité que la terre, les Géants, dit-on, prétendirent à la conquête du royaume céleste, entassant montagnes sur montagnes, jusqu'à la hauteur des astres. Alors, le maître tout-puissant, lançant la foudre, fracassa l'Olympe et renversa Pélion du sommet d'Ossa qui lui servait de piédestal. Et comme ces corps monstrueux gisaient écrasés sous la masse entassée par leurs propres mains, la Terre, baignée dans les flots du sang de ses fils, en fut imprégnée, dit-on, et insuffla la vie à ce sang encore chaud ; et, pour qu'il restât quelque trace de ceux dont elle avait fait souche, elle donna à ces êtres face humaine. Mais cette lignée, elle aussi, se montra pleine de mépris pour les dieux, passionnée de cruauté et de meurtre ; nul n'aurait pu ignorer qu'elle était née dans le sang.