Lucio Bukowski
Liqueur et scaphandre
Un jour je disparaitrai comme Myspace et le Minitel
Les feux follets et les damnés feront des compagnons nickels
Il me suffit d'un in-folio et d'un luminaire
J'écris à rebours, la mort sera mon acte liminaire
Dieu, l'amour et le temps m'ont passé à tabac
Disons qu'au plus bas je cultive toujours un bon karma
Laisse l'amertume quelque part sous une pancarte "à vendre"
Au cœur de la pression, l'art me sert de beau scaphandre
L'époque est froide, cristallise comme la cryogénie
Produit des gadgets pour que les moutons crient au génie
Créent des obstacles et des regrets quand ils trépassent
S'empêchent de progresser comme des chaloupes à marée basse
J'n'ai de dévotion que pour la vie, je hais la destruction
Eux préfèrent le consumérisme à l'instruction
Le suffrage universel n'est qu'une vieille breloque
Quand l'Etat sera crevé je serai patriote
Indécent comme la légion d'honneur j'préfère le sport de chambre
Vivre simplement entre l'entregens et l'entre-jambe
Si la course est giratoire je viserai l'éviction
Poursuivant la mauvaise voie d'ici mon extinction
Ministre pourri, jeune auteur ou chômeur à Lomé
Au final le temps aura nos têtes comme Salomé
Mate ma montre, me fais du mauvais sang comme l'hémophile
Selon le poids des mots je suis un bon haltérophile
Une poitrine et de l'encre en guise d'aphrodisiaque
Dans l'vrai comme un cancéreux hypocondriaque
Je ne suis qu'un vestige un peu comme la peste bubonique
Revisite l'époque à travers des chansons bucoliques
Rangez les stéthoscopes l'homme moderne n'a pas de cœur
Eteignez les stroboscopes, jours et nuits n'ont pas d'odeur
Depuis le néant les idées se vendent sous cellophanes
L'abrutissement des masses n'a plus rien de subliminal
Au fond j'dois être plus riche que le sous-sol de l'Algérie
Si transformer l'or des jours en rimes est une forme d'alchimie
En poésie même le rampant pratique la haute voltige
Je suis une sorte de trapéziste souffrant de vertiges
A l'aise comme un pyromane dans un crématorium
Le souffle court mais l'air du temps est un sanatorium
Rien d'inique dans la solitude et la fatigue
Constance de la désolation depuis le jurassique
J'ai goûté l'abandon j'vous passe les détails et un salut
Ne vise que la beauté quand mon âme est insalubre
Bois ma liqueur parlant jolies cuisses avec Bacchus
Tentant de m'élever sur pilotis comme une cité lacustre
Relis "Alcools" d'Apollinaire dans une petite gargote
Nourri du mirage de la vie dans laquelle je barbotte
La folie mais ici la cervoise est exquise
A chaque fin de texte j'ai l'impression d'en être à l'esquisse