La Rumeur
Pas de justice, pas de paix
[Couplet 1 - Hamé]
Voici les cadavres qu’la police ne veut pas voir
Dissimulés au soir sous la pénombre d'un dépotoir
Un sacré beau paquet de dépouilles empilées
Ça fait des monceaux de têtes renversées
Les yeux et la bouche en cendres
Ça coule, de grandes flaques rouges hérissées
De mains crispées qui cherchent encore à comprendre
Mais pas de lueurs pour les cafards a répondu l'ordre
Et le sang sèche et vire au noir à l'abri des mémoires
Dans l’silence qu'il faut croire complice des gyrophares
Des porcs armés aux trousses qui d'une balle plongent la course
Dans l’caniveau du non-lieu, où un juge nettoie les lieux
Et sans bruit, sans cri se referme alors un de ces casiers métalliques de l'oubli, du déni
L'infamie en robe de magistrat, la sainte loi
Le droit bourgeois sur le front des victimes d’état distribue les crachats

[Refrain]
Une rumeur provient du bas, échappe au brouhaha
On entend alors clamer : « pas de justice, pas d’paix »

[Couplet 2 - Hamé]
Ni les barricades éteintes sur des chemins recouverts
De milles éclats de verre
Où fument les carcasses éventrées de voitures calcinées, ni la colère privée d'ailes
Ni l’désespoir tout au bout des pierres et des cocktails
Balancés à genoux, ni les barres de fer tordues
Sur les boucliers de l'ordre gonflés de noirs et d'opprobre
Ni les horizons barrés par les corbeaux et les hyènes
Ni tous ces rêves aspergés de gaz lacrymogène
Ni les gerbes fanées aux pieds des portraits assassinés
Ni les phrases amères que mâchent de trop vieux patriarches
Usés par la chaîne, par le mépris et le temps
Ni les larmes acides des mères
Ni la sueur ni le sang de la classe ouvrière
Rien n’se perd. rien n’se perd, tout s’transforme
Et le brasier crépite, et le brasier crépite
Et votre putain de temple n'attend plus qu'on l’dynamite
[Refrain]
Une rumeur provient du bas, échappe au brouhaha
On entend alors clamer : « pas de justice, pas d’paix »